Quels défis pour rendre la fonction publique plus attractive ?

Pourquoi la fonction publique, pourtant au cœur du pacte républicain, peine-t-elle à attirer et fidéliser ? Dans cet épisode, je reçois Émilie Agnoux pour une conversation dense et passionnante sur les ressorts profonds de l’attractivité. Rémunération, sens, engagement citoyen, rapport au devoir de réserve : tout y passe, avec exigence et lucidité.

Présentation de l'invité : Émilie Agnoux

« Le fonctionnaire n’est pas un simple exécutant : c’est un citoyen engagé, garant du bien commun. »

Émilie Agnoux est haute fonctionnaire territoriale depuis plus de 10 ans. Elle a cofondé en 2021 le think tank Le Sens du service public, qui rassemble des agents issus des trois versants de la fonction publique autour de trois grands axes : égalité d’accès aux services, transition écologique et exigence démocratique. Le collectif produit analyses et propositions concrètes pour redonner au service public sa place centrale dans la société.

Décryptage des idées clés

L’attractivité, c’est d’abord une question de sens, pas de salaire

On parle souvent d’attractivité de la fonction publique comme d’une question budgétaire : les salaires ne suivent pas, les carrières stagnent, les postes se vident. C’est vrai, mais c’est loin d’être tout. Ce qui fait fuir ou attire, c’est avant tout le sens du travail. Les agents publics ne choisissent pas leur métier pour “faire carrière”, mais pour contribuer à quelque chose d’utile.

Or, depuis des années, les logiques de rationalisation, de performance et de chiffres ont peu à peu vidé les métiers de cette dimension-là. Revaloriser la fonction publique, ce n’est donc pas seulement augmenter les grilles, c’est redonner du sens, de la marge de manœuvre et de la reconnaissance à celles et ceux qui tiennent la maison commune.

Reconnaître la valeur réelle du travail public

L’attractivité dépend aussi de ce que la société renvoie aux agents. Comment être fier d’un métier qu’on dit “inutile” ou “trop coûteux” ? Pourtant, l’épisode le montre : les métiers publics sont au cœur du quotidien, de l’éducation aux solidarités locales. Mais ils sont souvent sous-payés, sous-valorisés, invisibilisés. Ce n’est pas un hasard : notre modèle de reconnaissance valorise ce qui rapporte, pas ce qui relie.

Repenser l’attractivité, c’est rétablir la valeur sociale du travail public : accepter collectivement que soigner, enseigner, protéger, organiser, ce sont des métiers qui construisent la société. Et que leur rémunération, comme leur image, doivent le refléter.

Fidéliser, c’est tenir la promesse faite aux agents

Attirer, c’est bien. Garder, c’est mieux. La vraie crise de la fonction publique, c’est celle de la fidélisation. Beaucoup d’agents entrent avec enthousiasme, et s’épuisent quelques années plus tard, pris entre la lourdeur administrative et le manque de perspectives. La fidélité ne se décrète pas : elle se construit. Elle passe par la formation, la possibilité d’évoluer, la confiance accordée à l’initiative, la reconnaissance du terrain. L’attractivité durable, c’est celle qui s’entretient chaque jour, quand les agents se sentent soutenus, écoutés, et fiers de ce qu’ils font.

Fonction Publique Mon Amour est un média indépendant créé par Linda Comito.
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