Dans cet épisode, je parle de la préparation des épreuves orales des concours de la fonction publique. Pas pour donner une méthode, ni expliquer comment réussir, mais pour clarifier une chose essentielle : il y a une différence entre réviser un concours et s’y entraîner. Je partage ce qui, dans mon parcours, a réellement compté, avec ses limites et ses ratés.
« Habitue-toi à l’inconfort, et tu verras que finalement, tu vas agrandir ta zone de confort. »
Dans mon parcours, l’oral a très vite montré ses limites face à une logique de révision classique. Contrairement à l’écrit, on ne peut pas accumuler des contenus, des fiches ou de l’actualité en espérant que cela suffira le jour J. L’oral confronte directement à une situation vécue : être face à un jury, répondre en temps réel, composer avec le stress, les silences, les relances.
Ce qui est évalué ne se situe pas uniquement dans ce que l’on dit, mais dans la manière dont on le dit, dont on se positionne, dont on assume sa parole. Cette réalité rend inefficace une préparation uniquement intellectuelle. On peut connaître beaucoup de choses et se retrouver pourtant déstabilisée, parce que l’oral mobilise autre chose que des savoirs : une présence, une capacité à tenir un échange, à rester stable dans l’inconfort.
Dans cette perspective, l’oral oblige à déplacer la préparation vers l’expérience elle-même. Se mettre en situation, accepter d’être mal à l’aise, s’exposer volontairement. Ce n’est pas une question de talent naturel, mais de familiarité avec une épreuve qui, par définition, ne peut pas être entièrement anticipée. Comprendre cela change profondément le rapport à l’oral et évite de le réduire à une simple restitution de connaissances.
L’un des enseignements majeurs de l’oral, dans mon parcours, est la place centrale de l’inconfort. À l’oral, l’inconfort n’est pas un accident : il fait partie intégrante de l’épreuve. Être observée, interrompue, relancée, parfois déstabilisée, ce sont des situations normales, et non des signes d’échec imminent.
Chercher à supprimer cet inconfort est souvent contre-productif. Plus on tente de se protéger, plus la situation devient difficile à tenir. À l’inverse, accepter l’inconfort comme un élément constitutif de l’épreuve permet de s’y installer, de ne pas paniquer, de continuer à parler même lorsque tout n’est pas parfaitement maîtrisé.
Cette acceptation change la posture. L’oral n’est plus vécu comme un moment où il faudrait être impeccable, mais comme un espace où l’on montre sa capacité à composer avec une situation imparfaite. Le jury n’évalue pas seulement des réponses, mais aussi une manière d’être professionnelle sous contrainte. En ce sens, l’inconfort devient un révélateur, pas un obstacle. S’y habituer permet progressivement d’élargir ce que l’on considère comme une zone acceptable, et donc de tenir l’épreuve avec plus de stabilité.
Enfin, l’oral met en jeu quelque chose de très spécifique : l’incarnation. Contrairement à l’écrit, on ne peut pas se cacher derrière une copie, une structure ou un raisonnement abstrait. À l’oral, c’est la personne qui porte le propos, avec son parcours, ses choix, ses hésitations parfois.
Dans mon expérience, cette dimension oblige à clarifier ce que l’on raconte de soi. Pas pour se vendre de manière artificielle, mais pour assumer une trajectoire, des décisions, une cohérence. L’oral demande une forme d’alignement : entre ce que l’on dit, ce que l’on a vécu, et la manière dont on se présente comme professionnelle.
Cette incarnation ne s’improvise pas le jour J. Elle se travaille en amont, non pas en écrivant un discours figé, mais en réfléchissant à ce qui fait sens dans son parcours. L’oral devient alors moins une épreuve de performance qu’un exercice de positionnement. Il ne s’agit pas d’être parfaite, mais d’être lisible, crédible, et capable de tenir une parole située. C’est cette dimension là qui fait de l’oral une épreuve à part entière, profondément différente de l’écrit.
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